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  PARS EN GUERRE CONTRE LE MONDE 

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Guerre du Golfe 2

 
 
 
Les enjeux de la guerre 
 
Les enjeux de la seconde guerre du Golfe dépassaient largement l'Irak. La question posée était celle de l'avenir pour les prochaines décennies. Le monde futur doit-il être gouverné par le multilatéralisme, le dialogue et la concertation entre les pays? Ou bien le monde doit-il être gouverné de façon unilatérale et totalitaire par un empire américain auquel ne s'appliquerait pas le droit international, mais qui s'arrogerait celui de mener des "guerres préventives" contre n'importe quel pays? 
 
Contrôlés par la faction la plus "dure" des Maîtres du Monde, les Etats-Unis ont fait leur choix. Ils ont décidé de profiter de leur totale suprématie militaire et technologique, ainsi que du champ libre laissé par l'absence d'une super-puissance concurrente depuis l'effondrement de l'URSS. L'ambition des Etats-Unis est d'utiliser leur puissance pour remodeler le monde à leur avantage. En 2001, dans l'un de ses discours, George W. Bush annonçait que les USA visaient désormais une "domination totale et définitive" sur le monde. 
 
 
 
 
 
 
 
 
La division des Maîtres du Monde 
 
La nouvelle doctrine militaire américaine a provoqué la division des Maîtres du Monde, dont les organisations rassemblent des personnalités issues de 3 pôles d'intérêts stratégiques. 
 
Les membres du premier groupe sont issus de la sphère économique. Ils souhaitent la stabilité et la paix (conditions favorables à la croissance économique), et une mondialisation basée sur le multilatéralisme. Les options guerrières de Bush sont donc contraires aux intérêts de ce groupe.  
 
Le deuxième groupe se définit comme "humaniste". Il est constitué de différents ordres philosophiques et mystiques qui se rattachent aux Templiers (mouvements Francs-maçons, Rose-Croix...). Leur but déclaré est d'aider les hommes dans leur passage de la barbarie à la civilisation. Ce groupe soutenait la mondialisation marchande parce que c'était un moyen de réaliser leur objectif prioritaire: rendre les guerres impossibles, en unifiant le monde par l'économie et les échanges culturels. Pour ce groupe, les orientations ultra-nationalistes et unilatéralistes de Bush sont inacceptables. 
 
Le troisième groupe a pris le pouvoir aux Etats-Unis par un coup d'état, avec l'élection truquée de Bush. Ses membres appartiennent à la sphère militaire (CIA, NSA, Pentagone) et militaro-industrielle. Ils souhaitent l'instabilité et la guerre (conditions favorables aux entreprises d'armement), et une mondialisation basée sur la domination absolue de l'Empire américain. 
 
 
 
 
 
 
Henry Kissinger, Zbigniew Brzezinski, Paul Wolfowitz, et George Bush père, les idéologues du nouvel ordre mondial 
Les personnages-clés de ce groupe sont: 
- Henry Kissinger - le principal inspirateur de la nouvelle stratégie américaine de domination totale - membre du CFR, du Groupe de Bilderberg, de la Commission Trilatérale, de la Jason Society, et du très secret MAJI (également appelé MJ12) - Dès la fin des années 1970, Henry Kissinger définissait le contrôle de "l'Eurasie" comme une priorité pour que les Etats-Unis puissent conserver leur suprématie mondiale au 21è siècle. 
- Zbigniew Brzezinsky - ancien conseiller de Jimmy Carter, membre du CFR, du Groupe de Bilderberg, de la Commission Trilatérale, du Jason Group, et de MAJI (ou MJ12) 
- David Rockefeller - grand banquier, ancien président de la Chase Manhattan Bank, membre du CFR, co-fondateur du Groupe de Bilderberg et de la Commission Trilatérale, membre de MAJI, des Skull & Bones, et de la Jason Society - c'est un autre Rockefeller, Nelson, qui avait introduit Kissinger dans le gouvernement de Richard Nixon 
- George Bush (le père) - ancien président des Etats-Unis, ancien directeur de la CIA, membre du CFR, du Groupe de Bilderberg, de MAJI, et des Skull & Bones 
- Paul Wolfowitz - n°2 du Pentagone - membre du CFR, et du Groupe de Bilderberg 
- Dick Cheney - Vice-président, membre du CFR et de la Commission Trilatérale, ancien ministre de Bush-père, ancien président de la société pétrolière Halliburton. Son épouse Lynn Cheney occupe un poste de directeur chez Lockheed Martin (société d'armement). 
- George Shultz - membre des Skull and Bones et du CFR, ancien ministre de Bush-père 
- Richard Perle - ex conseiller à la défense, et surnommé le "prince des ténèbres" - membre du CFR et du Groupe de Bilderberg 
 
Les organisateurs des basses oeuvres sont le ministre de la défense Donald Rumsfeld, le ministre de la Justice John Ashcroft, et dans le rôle du communicateur, George W. Bush. 
 
Jusqu'à présent, la direction collégiale des Maîtres du Monde était cimentée par un "consensus", autour d'une mondialisation esclavagiste mais basée sur le multilatéralisme, c'est à dire avec une égalité d'influence entre les puissants de la planète. Lors d'une récente interview, Dominique Moïsi, le directeur de l'IFRI (l'une des organisations européennes des Maîtres du Monde) résumait la situation par une phrase laconique mais lourde de signification dans la terminologie des Maîtres du Monde: "Aujourd'hui, il n'y a plus de consensus". 
 
 
 
 
 
L'Empire 
 
Comme l'a proclamé George W. Bush, ceux qui ne sont pas avec les USA sont contre eux. Tout pays qui se trouverait en désaccord avec les Etats-Unis devient une cible potentielle. L'utilisation par les USA d'obus à uranium appauvri s'inscrit dans une stratégie de la terreur qui rappelle les méthodes nazies: si un pays ose s'élever contre l'Empire, il sera anéanti impitoyablement et son territoire sera rendu inhabitable pour l'éternité, par une radioactivité dont la durée est de 4 milliards d'années. 
 
Les obus à uranium appauvri sont fabriqués à partir des déchets des centrales nucléaires (ce qui fournit également une "solution" aux USA pour se débarrasser de ces déchets). Ils contiennent également du plutonium, hautement radioactif pendant 4,5 milliards d'années. Ils ont été utilisés en ex-Yougoslavie et pendant la première du Golfe. Depuis 1991 en Irak, les cas de cancer et de leucémies ont été multipliés par 50, et de très nombreux bébés naissent avec des leucémies, des cancers ou des malformations semblables à celles causées au Japon par les bombes de Hiroshima et Nagasaki. 
 
Les Etats-Unis disposent aussi de plusieurs armes nouvelles et terrifiantes qu'ils sont très impatients tester en conditions réelles: bombes à impulsion électromagnétique, bombes à plasma, "fuel-air explosive bombs", mini-bombes nucléaires, micro-ondes, ou bombes à antimatière... 
 
 
 
 
Le plan américain pour une guerre globale 
 
Après les attentats du 11 Septembre, George W. Bush avait clairement annoncé que que la "guerre contre le terrorisme" était appelée à durer "plusieurs années"... 
 
Le but des Etats-Unis est de redessiner entièrement la carte du Proche Orient, avec une intervention en Irak qui n'est que la première étape d'une guerre qui pourrait s'étendre à la Syrie, à l'Iran, au Pakistan, à l'Arabie Saoudite, à la Somalie, au Soudan, ainsi qu'aux pays islamistes de l'Asie. Une fois le Proche Orient et son pétrole sous leur contrôle, les cibles ultimes de l'Empire seront la Russie, la Chine, et pour finir, l'Union Européenne (si elle persiste à ne pas faire allégeance à l'Empire). 
 
Déclencher la réaction en chaine 
 
Pour lancer une opération d'une telle envergure, un prétexte était nécessaire. Ce prétexte fut très opportunément fourni par les attentats du 11 Septembre 2001, 8 mois après "l'élection" de Bush. Comme l'incendie du Reichtag dans l'Allemagne nazie, l'attentat du World Trade Center a servi de mèche d'allumage à une réaction en chaine programmée. 
 
 
Contrôler le Moyen-Orient 
 
La première étape de la guerre a été l'intervention en Afghanistan, dont le but était de sécuriser le futur oléoduc qui acheminera le pétrole de l'ancienne république soviétique du Kazakhstan (au Nord de l'Afghanistan) vers un débouché maritime sur les côtes pakistanaises (au Sud de l'Afghanistan). Situé au milieu du tracé de l'oléoduc, l'Afghanistan était un enjeu important car les réserves pétrolières du Kazakhstan sont équivalentes à celles de l'Arabie Saoudite. De plus, les sociétés pétrolières américaines liées au gouvernement Bush ont massivement investi dans cette région depuis 10 ans et avaient un grand intérêt à ce que l'oléoduc puisse être construit. 
 
Un autre objectif de la guerre en Afghanistan était de renforcer la présence militaire américaine en Asie centrale, au voisinage de la Russie et de la Chine. Les bases américaines en Afghanistan s'ajoutent aux bases US déjà établies dans les années 90 au Kirghistan et en Ouzbekistan. 
 
Pour la suite des opérations, les Etats-Unis avaient besoin d'établir des bases militaires puissantes et permanentes au Moyen-Orient, dans un autre pays que l'Arabie Saoudite. Car depuis attentats du 11 Septembre 2001 auxquels participaient 15 Saoudiens, l'Arabie Saoudite n'est plus considérée comme un allié fiable, mais comme une cible potentielle. Les bases US en Arabie Saoudite sont en cours de transfert vers le Quatar, mais ce petit pays a une position géographique vulnérable, coincé entre l'Iran et l'Arabie Saoudite. Un autre "pays d'accueil" était nécéssaire. 
 
Dans cette perspective, les stratèges américains ont décidé de s'emparer de l'Irak, qui réunissait les conditions idéales: une position géographique centrale, une alternative stratégique au pétrole Saoudien, et un régime tyranique dont l'image détestable était censée faciliter la légitimation de la guerre aux yeux de l'opinion mondiale. Enfin, pour le prédateur américain l'Irak était une proie facile, avec une armée qui offrirait peu de résistance, affaiblie par la première guerre du Golfe et par 12 années d'embargo. 
 
Pour l'administration Bush, l'opération contre l'Irak avait aussi une fonction de communication, pour masquer l'incapacité (volontaire) à neutraliser Oussama Ben Laden et Al Quaïda. 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
A la recherche d'un prétexte... 
 
Les Etats-Unis ont accusé l'Irak de représenter un danger pour la paix mondiale à cause de quelques ogives chimiques. Mais quel est donc le pays agressif, intolérant, et irrespectueux du droit international qui possède le plus grand stock d'armes nucléaires chimiques et bactériologiques? Quel état est objectivement le plus dangereux de la planète, sinon les Etats-Unis, le premier des "états voyous"? 
 
La justification de la guerre donnée par Bush était que l'Irak représentait un danger à cause de ses armes de destruction massive. L'existence de ces armes n'a pu être prouvée ni par les inspecteurs de l'ONU, ni par les troupes américaines. A aucun moment de la guerre Saddam Hussein n'a utilisé les armes chimiques et biologiques que les américains l'accusaient de détenir. Même son armée conventionnelle s'est révélée trop faible pour opposer une résistance sérieuse à l'armée américaine. De même, les liens entre Saddam Hussein et Ben Laden n'ont jamais pu être démontrés, et seraient inexistants d'après la CIA elle-même.  
 
 
 
 
 
 
 
Conscient de la faiblesse de la justification initiale de la guerre, l'administration Bush a inventé une autre raison en cours de route: la "libération du peuple irakien". Ainsi, l'opération "choc et effroi" et ses bombardements massifs de Bagdad avaient donc un but humanitaire... 
 
Rappelons que dans leur souci du bonheur des peuples, les Etats-Unis avait précédemment installé au pouvoir Saddam Hussein et son parti Baas en 1972, grâce à un coup d'état soutenu par la CIA. Le précédent président irakien, issu du parti communiste, avait voulu nationaliser les compagnies pétrolières du pays... 
 
Comme Ben Laden, Saddam Hussein est une création des Etats-Unis. 
 
 
 
 
 
Après l'Irak, à qui le tour? 
 
Après l'Irak, ce pourrait être le tour de la Syrie, un pays discret qui a offert l'asile à plusieurs terroristes au nom de la solidarité inter-arabe. L'invasion de la Syrie permettrait aux Etats-Unis de contrôler un axe allant du Golfe Persique à la Méditerranée. Géostratégiquement, le contrôle de cette zone située au centre du "monde arabe" permettrait de fractionner en 2 blocs étanches l'islam d'Afrique et l'islam d'Asie. Cela permettrait aussi à l'armée américaine au Proche-Orient de disposer d'un autre débouché maritime que le Golfe Persique pour les acheminements de troupes et de matériel. Le Golfe Persique est en effet sous le contrôle de deux pays appélés à être les prochaines cibles de l'Empire: l'Iran et l'Arabie Saoudite. 
 
L'Arabie Saoudite est le centre actif de l'expansion de l'intégrisme islamiste. Un projet sérieusement envisagé par certains experts militaires de la Maison Blanche consisterait à découper l'Arabie Saoudite en 2 pays distincts. Un émirat sous contrôle américain serait créé à l'Est, là où se trouvent les gisements de pétrole. L'Arabie Saoudite se réduirait alors aux deux tiers Ouest de sa superficie actuelle, là où se trouvent les villes saintes chères aux Musulmans (La Mecque, Médine), une zone sans intérêt pour le pétrole. 
 
 
Arrières pensées pétrolières 
 
Avec l'élection de George W. Bush, une mafia issue des lobbies militaires (Donald Rumsfeld, George W. Bush) et pétroliers (George W.Bush, Dick Cheyney, Condoleezza Rice) s'est emparé du pouvoir, dans le but de servir ses intérêts, sans limites et sans scrupules. 
 
Ce groupe au pouvoir souhaite que le pétrole reste la première source d'énergie pour les 50 années à venir, quel qu'en soit le prix écologique et humain. Mais dans 10 ans, les gisements pétroliers des Etats-Unis seront épuisés. C'est pourquoi l'objectif stratégique américain est de contrôler les gisements pétroliers mondiaux. 
 
 
 
 
Arrières pensées militaro-industrielles 
 
Un autre but inavouable des Etats-Unis est de déclencher une guerre de longue durée qui générerait de fabuleux bénéfices pour l'industrie militaire américaine qui a installé Bush au pouvoir. 
 
Le projet américain de guerre contre l'Irak était initialement soutenu par seulement 2 pays: la Grande Bretagne, allié inconditionnel des USA, et Israël qui souhaitait depuis longtemps l'élimination du dictateur irakien. 
Fin Janvier 2003, l'administration Bush annonçait avoir obtenu le soutien de certains pays d'Europe de l'Est (Pologne, Hongrie, et Tchéquie), du Danemark, du Portugal, ainsi que des deux dirigeants européens les plus proches de Bush idéologiquement: José Maria Aznar (le premier ministre espagnol libéral-conservateur lié à l'Opus Dei), et l'honorable Silvio Berlusconi... 
 
Après enquête, il s'avère que ce soutien était le résultat des pressions d'un lobby basé aux USA, le "Comittee for the Liberation of Iraq", créé quelques semaines avant l'invasion de l'Iraq, le 17 Novembre 2002. Ce comité est présidé par Bruce K. Jackson, Vice-Président depuis 1994 du groupe d'armement Lockheed Martin, la société qui fabrique l'avion de combat F16. Bruce K. Jackson est également l'organisateur de la campagne de George W. Bush, et l'un des dirigeants du lobby de l'élargissement de l'OTAN aux pays de l'Est. 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Le bilan de la guerre en Irak (octobre 2003) 
 
La guerre en Irak n'avait aucune légitimité. Les armes de destruction massive que l'Irak était accusé de détenir n'ont pas été retrouvés. Au mépris du droit international, les Etats-Unis ont mené une guerre d'invasion et d'occupation. Les seuls précédents dans l'histoire récente ont été le fait de dictatures: l'invasion du Koweït par la dictature de Saddam Hussein en 1991, l'invasion des îles Falklands (Malouines) par la dictature des généraux Argentins, l'invasion de la Hongrie et de la Tchécoslovaquie par l'URSS, et l'invasion de la Tchécoslovaquie et de la Pologne par l'Allemagne nazie d'Adolf Hitler. George Bush s'est donc placé au même niveau que les plus sinistres personnages de l'histoire. 
 
Par ailleurs, si la conquête de l'Irak a été facile grâce à la supériorité écrasante de l'armée américaine, l'occupation de l'Irak risque d'évoluer vers une guérilla terroriste permanente dans laquelle les Etats-Unis pourraient se trouver enlisés pour de longues années. Depuis la fin de la guerre, il ne s'est pas passé un jour sans que des soldats américains ne soient blessés ou tués dans des embuscades ou des attentats. 
 
Enfin, la victoire des Etats-Unis est une victoire à la Pyrrus. Le coût financier est démesuré: George Bush a obtenu un supplément 74 milliards pour le budget militaire américain (qui s'élevait déjà à 380 milliards de dollars) afin de financer la guerre en Irak. Conséquence, le déficit budgétaire 2003 des Etats-Unis a atteint le niveau record de 455 milliards de dollars. Quant à l'occupation de l'Irak, son coût a été estimé à 1 milliards de dollars par semaine par le Pentagone. Avec une telle somme, il serait possible de faire beaucoup de choses pour l'environnement, pour l'éducation, pour la science, et pour résoudre à la racine les problèmes mondiaux générateurs de guerre et de terrorisme. 
 
Quant au coût politique de cette guerre, il s'avère exorbitant pour les Etats-Unis: isolement diplomatique, réprobation internationale, exemple donné aux autres états-voyous pour mener des guerres "préventives" et illégitimes. Mais surtout, les Etats-Unis ont détruit leur image d'un pays "bienveillant", allié des droits de l'homme et du progrès de l'humanité. George Bush n'a cessé de mentir au monde, au Congrès, et au peuple américain. Il a trahi l'esprit et les valeurs des pères fondateurs des Etats-Unis. Pour ses actes, George W. Bush mérite d'être destitué, et jugé pour crimes contre l'humanité. 
 
 
 
Bush, allié involontaire de la révolution mondiale? 
 
Seul un mouvement mondial de grande ampleur pourrait contrecarrer les plans de l'administration Bush. 
 
Déjà, sous la pression d'une opinion publique européenne très fortement hostile à la guerre, des gouvernements traditionnellement alliés des Etats-Unis (Canada, France, Allemagne...), ont eu le courage de se dresser et d'oser dire NON à l'Empire américain. 
 
De Janvier à Mars 2003, des manifestations contre la guerre en Irak ont lieu simultanément dans presque tous les pays du monde, y compris aux Etats-Unis. 
 
Face à la mondialisation marchande, une mondialisation citoyenne est enfin en train de se réaliser, accélérée par l'arrogance et les excès de George W. Bush. Celui-ci pourrait être le catalyseur idéal (et involontaire) d'une prise de conscience planétaire globale, politique, économique, et écologique. Cela constituerait un remarquable retournement de situation, et un immense espoir pour l'avenir de la planète. 
 
 
 
 
 
 
 
 
Les 5 mensonges de George W. Bush 
 
George W. Bush avait justifié l'intervention américaine par la présence "d'armes de destruction massive" en Irak, affirmant qu'elles représentaient un danger "imminent". Il est désormais évident qu'aucune arme de destruction massive ne se trouvait en Irak. Après les révélations de Paul O'Neil et de David Kay, c'est Colin Powell qui a été obligé de reconnaître que certaines preuves qui ont servi à justifier la guerre n'était "pas si solides". L'administration Bush est également mise en cause pour ses mensonges par une commission d'enquête au Congrès et par la presse américaine. 
 
George W. Bush avait parlé d'une guerre pour "libérer l'Irak" et améliorer le sort du peuple Irakien. Aujourd'hui, la population irakienne vit sous le joug d'une armée d'occupation. La situation actuelle des Irakiens est infiniment pire que sous Saddam Hussein au niveau des conditions de vie, des souffrances endurées, et du nombre de morts. 
 
George W. Bush prétendait que l'instauration de la "démocratie" en Irak serait un facteur de stabilisation de la région. En fait, l'Irak est devenu une puissante source d'instabilité au coeur du Moyen-Orient. 
 
George W. Bush a justifié l'invasion de l'Irak par les liens entre Saddam Hussein et Al Quaida. Depuis, l'existence de ces liens a été officiellement démentie par la commission d'enquête sur le 11 Septembre. 
 
George W. Bush disait que le renversement de Saddam Hussein s'inscrivait dans la lutte contre le terrorisme. L'intervention américaine a en réalité transformé l'Irak en un nouveau foyer de terrorisme. Et en attisant la haine des Islamistes envers l'Occident, la guerre en Irak a considérablement augmenté les risques d'attentats, et la probabilité d'un attentat nucléaire. Si un tel évènement devait se produire, il sera utilisé pour instaurer des lois d'exception et mettre fin définitivement à la démocratie... 
 
La guerre, c'est du marketing? 
 
ELEANORA BENADOR ? LES FAUCONS ADORENT !  
 
11 février 2003  
 
 
 
Vendre des idées, vendre les gens qui les propagent, vendre du spectacle : autant de règles de la stratégie des néo-conservateurs. La guerre ? C'est du marketing. 
 
 
La très influente Madame Eleanora Benador à travers ses bureaux de New York, Paris et Londres exerce une profession difficile à décrire, Quelque choses qui se situe entre agent littéraire, relations publiques, think tank et groupe de pression : elle fournit à la demande des escort boys idéologiques. Elle gère les apparitions publiques d'environ trente experts spécialisés dans les questions militaires et le Moyen-Orient.  
 
Vous cherchez une grande plume pour une tribune dans votre journal ? Un ancien secrétaire d'État pour animer votre dîner-débat ? Appelez Madame Benador. Vous êtes un intellectuel de poids et avez exercé des responsabilités diplomatiques ou politiques ? Madame Benador s'occupe de votre image : à vous les plateaux de télévision et les lucratives tournées de conférences. Cela peut faire sourire des Français qui se font une idée de la profession d'intellectuel, mais, après tout, pourquoi y voir malice ?  
 
À y regarder de plus près, on peut cependant se demander s'il s'agit uniquement de « vendre » de l'expertise. Les noms des « poulains » forme une sorte de Bottin Mondain du parti de la guerre. L'ancien secrétaire d'État de Reagan, Alexander Haig y côtoie James Woosley, ex-directeur de la CIA. Charles Krauthammer, le néo-conservateur, grand chroniqueur du Washington Post voisine Michael Ledeen de l'American Entreprise Institute, une think tank de droite à la fois ancienne (elle fut fondée en 1943), riche (son budget tournerait autour des 36 millions de dollars) et prestigieuse (ce fut celle de Dick Cheyney).  
 
S'étonnera-t-on de rencontrer également Frank Gaffney Junior expert militaire et partisan très écouté de l'offensive conte Irak ? Ou Arnaud de Borchgrave qui, lui, est à la fois un dirigeant du très droitier Center for Strategic and International Studies, et du très mooniste Washington Times (à ne pas confondre avec le Washington Post). Richard Perle, le super-faucon, affectueusement surnommé par ses amis « le Prince des Ténèbres », accessoirement Président du Bureau sur la Politique de Défense, fait partie de l'équipe.  
 
Une des vedettes de l'écurie Benador est le Dr. Khidhir Hamza , un exilé qui a travaillé sur le projet de bombe irakien. Sous la souriante direction de Madame Benador, il réalise une véritable tournée des grands journaux et des plateaux de télévision pour expliquer à qui veut l'entendre pourquoi les inspections de l'Onu ne peuvent pas découvrir le programme nucléaire de Saddam : le dictateur a tout dissimulé dans de petites unités de recherche souterraines et est à deux pas d'avoir la bombe.  
 
Certains noms sont moins connus du grand public, notamment des noms iraniens, dont on dit qu'ils sont révélateurs de connexions avec le jeune prince héritier Reza Pahlavi. On retrouve aussi des Français, Amir Taheri de la revue Politique internationale et Michel Gufinkiel, de l'hebdomadaire Valeurs Actuelles qui tient à indiquer dans sa biographie qu'il est "juif orthodoxe".  
 
S'étonnera-t-on que toutes les interventions des "Benadoristes" pointent dans le même sens : une intervention préemptive en Iran, une fois que sera réglé le problème de Saddam, des pressions américaines sur la Syrie pour obtenir son retrait du Liban, le « remodelage » du Moyen-Orient, à commencer par la monarchie saoudienne. Bref le programme néo-conservateur pur et dur. Sur la question palestinienne, est-il besoin de préciser que la ligne de Benador est peu ou prou celle du MEMERI, le Middle East Media Research Institute cofondé par le colonel de Tsahal, Yigal Carmo et qui répand une vision très anti-arabe.  
 
Dernier exemple en date : le 4 Février dernier, lors d'un séminaire organisé par Benador, et en présence des inévitables Gaffney et Hamza, Richard Perle déclarait que l'Allemagne et la France formaient « l'Axe des Sournois » et que le pays de Jacques Chirac ne pouvait plus être considéré comme allié des Etats-Unis.  
 
Valérien Nator 
 
LES NOUVEAUX FLAGELLANTS 
Les partisans de la guerre nous commandent le repentir
 
 
23 avril 2003  
par F.-B. Huyghe  
 
 
Les flagellants ne sont pas tous à Kerbala. Les nôtres exercent leur ministère à Paris et surtout dans les colonnes du Monde. Leur mission : nous faire prendre conscience de nos péchés et nous ramener dans le giron de notre sainte Mère l'Amérique. 
 
 
La France, à suivre ces bons pères, a péché par orgueil, par aveuglement par complaisance envers une dictature, et par faiblesse envers de vieux démons (totalitarisme, antiaméricanisme, et, pourquoi pas, antisémitisme). Pour parachever le tout nous serons punis dès cette vie-ci, puisque nos fautes vont nous coûter de juteux contrats et un point de P.N.B. À moins que nous ne notre repentir ne soit sincère et durable. D'où la fougue des nouveaux directeurs de conscience.  
 
Les prédicateurs, de Madelin à Glucksmann, de Sorman à Bruckner, de Lelouche à Goupil, n'ont pas de peine à prêcher dans les gazettes. Celles-ci, après avoir applaudi les foules pacifistes et ricané sur l'enlisement américain, ont changé de sentiment au moment de la prise de Bagdad. Quelques plans de statues déboulonnées et de « foules en liesse » et voilà que l'atmosphère change : « Ce veto français, c'était excessif, au fond. Et puis ce Saddam était un nouveau Staline. Moi, mon cher, vous me connaissez, je me suis toujours méfié des unanimités de façade, de Le Pen à Krivine. On ne gouverne pas en suivant les sondages, ni en sacrifiant les droits de l'homme… ». Dans quinze jours, les mêmes journalistes s'interrogeront gravement sur la faute des U.S.A. qui ont su gagner la guerre mais pas la paix et remplacé la peste Saddam par le choléra de la République Islamiste d'Irak. Ce sera le même concert de « , ' je vous l'avais bien dit. »  
 
Bref, tout le monde feint de croire que la non-résistance de Bagdad, ou sa faible résistance, justifie a posteriori l'intervention US. Le fait que des gens armés de kalachnikov aient refusé de se faire massacrer sur place par des chars Abrams au moment où leurs dirigeants s'enfuyaient devient un sondage en faveur d'une démocratie fédéraliste. Le constat, parfaitement vrai et prévisible, que des milliers de Bagdadis se réjouissent de la chute du régime (et accessoirement de cesser d'être bombardés et de pouvoir manger) devient une preuve vivante que les foules arabes aspirent secrètement à notre système. Voire que ceux qui en doutent ont de douteuses nostalgies colonialistes.  
 
Dans cette atmosphère de gêne un peu honteuse, on envie presque la liberté de ton de nos amis britanniques. Ils osent poser des questions de bon sens. Ainsi, des députés, travaillistes et conservateurs confondus, harcèlent Tony Blair en lui demandant de produire la preuve que Saddam possédait bien ces fameuses armes de destruction massive. Après tout, c'est un rapport britannique, avant même l'intervention de Colin Powell à l'Onu en Février, qui a lancé la campagne sur le thème des ADM dissimulées et de la capacité du régime irakien de menacer la stabilité du monde. Les mêmes Britanniques demandent des éclaircissements sur le rôle de leurs propres services secrets dans ce qui apparaît de plus en plus comme un montage. Après tout, si c'étaient des armes, personne ne s'est battu avec, même en dernier recours. Si elles étaient de destruction, elles n'ont pas fait le moindre dégât. Et si elles étaient massives, cela ne les rend pas visibles. Ou alors cela signifie que les inspections de l'Onu étaient efficaces, donc que l'appel aux « conséquences graves » prévues par la résolution 1441 n'était pas justifié. Il ne l'était surtout pas unilatéralement et sur la foi de rapport truqués. Un exemple entre mille : deux inspecteurs de l'Onu, un Norvégien et un Allemand, ont confirmé pour la chaîne publique ARD qu'ils avaient constaté la fausseté de plusieurs des preuves avancée par Powell, camions de décontamination, et prétendues usines d'armement dont on avait vu des photos satellites.  
 
Mais, nous objectera-t-on, la question des ADM est passée au second plan et il n'est plus question maintenant que du renversement d'une tyrannie. Ne valait-il pas mieux faire tomber Saddam, malgré toutes les insuffisances d'une telle politique (les désordres qui s'ensuivent, les autres tyrannies auxquelles on ne s'attaque pas, etc..) plutôt que de laisser subsister le raïs sanguinaire. « Il faut donc envisager que l'importation de la liberté dans les fourgons américains et britanniques n'était pas absurde. » résume Sorman dans le Figaro du 22 Avril.  
 
Il faudrait vous mettre d'accord mes bons pères ! On ne peut pas prêcher simultanément la morale de la responsabilité et celle de la conviction, comme vous l'avez appris à Sciences Po. On ne peut pas être juriste pointilleux ici et là se réclamer de la realpolitik. Car voyons un peu vos arguments.  
 
La France s'est « ridiculisée », elle a joué « Astérix contre oncle Sam ». nous nous sommes « enivrés de succès médiatiques et de joutes oratoires ». C'était « l'hystérie » et « l'angoisse de l'Apocalypse » (Bruckner, Glucksmann et Goupil in le monde du 15 Avril). Nous aurions donc raté le train de l'histoire. Hé bien, puisque l'on parle intérêts, les aurions-nous mieux servis à participer à une coalition dont l'action apparaîtra de plus en plus illégale et contre-productive ? Cela nous aurait-il fait rater quelque juteux contrats ? L'exemple de 91, où nous participions à la coalition de l'époque et dont on n'a pas souvenir que nous ayons été grassement payés, montre le contraire. Souhaiterions-nous être dans la position des Britanniques, celle de domestiques remerciés aussitôt fini leur service ? Notre prestige à long terme en serait-il meilleur d'avoir participé à la ratonnade ou de l'avoir approuvée de loin ? Rendez-vous dans quelques semaines, Messieurs les réalistes.  
 
Notre attitude nous place dans le camp de la Russie qui réprime ses Tchétchènes et des Chinois totalitaires, s'écrient aussitôt les professeurs de morale. Et d'ailleurs, dans les manifestations pacifistes, n'a-t-on pas vu des partisans de Saddam ? N'y avait-il pas des slogans antisémites ? Le pacifisme ne faisait-il pas objectivement le jeu d'une dictature en tentant d'en retarder la chute ? Holà, mes bons moralistes ! Les cœurs purs d'Alain Madelin (ancien d'Occident), de Glucksmann (ex-admirateur du Grand Timonier Mao) ou de Romain Goupil (ex-membre du service d'ordre de la Ligue Communiste dissoute pour ses activités paramilitaires, avant de devenir la L.C.R.) sont sensibles au repentir. Nous n'aurons donc pas la cruauté de leur rappeler certaines alliances et complaisances du passé. Mais nous aurons celle de leur signaler qu'ils ne fréquentent pas que des angelots dans leur camp aussi. Les émirs du Koweït, les durs du Likoud ou l'extrême droite étasunienne souhaitaient aussi la chute de Saddam. En déduira-t-on que Madelin est partisan de la lapidation des femmes adultères ou que Bruckner déteste les Blacks ? Et s'ils sont si regardants sur les alliances, qu'ils aillent donc voir la composition du Conseil National Irakien ou d'autres groupes irakiens d'opposition. Ils y verront un assez bel échantillonnage du monarchiste au stalinien pur et dur en passant par toutes les nuances du fondamentalisme chiite.  
 
Et puis surtout, il faut être cohérent. Ou bien cette guerre doit être jugée à ses résultats -- et l'on peut fortement douter qu'elle contribue à construire une paix durable et à propager les valeurs démocratiques dans le monde arabe. Ou bien c'est une guerre du droit contre le Mal et violer systématiquement les principes des Conventions de Genève et de La Haye, en matière de droit à la guerre, de cibles autorisées ou de responsabilités de la puissance occupante, n'est pas vraiment la meilleure façon de donner une leçon de démocratie. Ou bien il faut raisonner en termes de moindre mal, pour l'Irak, pour la démocratie, et à ce jeu-là rien n'est gagné ni prouvé. Ou bien il faut respecter les règles qu'on impose aux autres par la force.  
 
François-Bernard Huyghe  
Observatoire d'infostratégie 
 
Powell : show de guerre et médiarmes 
 
LES PREUVES AMÉRICAINES DU 5 FÉVRIER  
 
6 février 2003  
par F.-B. Huyghe  
 
 
Est-ce un flop ? Le casting était excellent (un héros de la première guerre du Golfe qui ressemble à un vétéran d'Hollywood, un tyran à petite moustache). Le timing était superbe : juste avant les vacances de ski. Le teasing était alléchant : « Saddam va-t-il détruire la planète, vous le saurez, Mercredi en direct de l'Onu. » Le marketing impeccable : la planète entière attendait le produit. Le script était solide : il ressemblait à celui d'un vieux Columbo où l'on connaît le coupable dès le début, mais où toute l'intrigue repose sur la façon de le démontrer. Il y avait même eu quelques précédents encourageants En 1962 les photos de missiles soviétiques à Cuba, ou, en 1983 les enregistrements de conversations de pilotes soviétiques se préparant à abattre le Boeing de la Korean Airlines n'avaient suscité aucune réticente. Tout le monde avait cru les U.S.A.  
 
Et pourtant, en 2003, malgré une débauche de mise en scène, imagerie satellites, interceptions sous-titrées, présentation assistée par ordinateur, Powell ne convainc que les convaincus.  
 
Toute cette technologie… Tous ces satellites dont au moins quatre sont consacrés exclusivement à l'Irak,. Toutes ces communications écoutées par le pays qui vise à la « Total information awareness » afin de prévenir tout risque terroriste. Tous ces efforts de la « Communauté de l'intelligence » américaine dont - soit dit en passant - les ressources se chiffrent en milliards de dollars et excèdent les budgets militaires de tous les pays de la planète sauf six),. Toute cette expérience de la communication et des relations publiques. Et tout cela pour un résultat si prévisible ! Les partisans de l'intervention américaine se déclarent persuadés, les autres demandent à voir ! Les Américains sont d'après les sondages majoritairement convaincus par Powell ; Je doute fort que les Égyptiens ou les Indonésiens réagissent de la même façon. La belle surprise !  
 
Le dossier de Powell est-il si mauvais ?  
 
D'abord, il n'est pas nouveau Dans plusieurs cas déjà, les indications fournies par un rapport de la CIA et le système de surveillance U.S. se sont révélés, soit faux, soit n'ont pu être confirmés par les inspecteurs qui se sont rendus immédiatement sur place. Nouvelles constructions suspectes sur l'ancien site nucléaire d'Al Tawaitah, bâtiments à Al Quaim, usine présumée de chlorine Falluajh II, expérimentation supposée de missiles à Al Rafah, nord, activités suspectes à Al Mamoun : autant de cas où les renseignements américains n'ont pu mener à aucun « pistolet fumant ». Sans parler des fameux tubes d'aluminium, destinées à des centrifugeuses pour enrichir l'uranium suivant les uns, simples tubes pour obus, suivant d'autres experts. Une bonne vieille évidence matérielle manque toujours.  
 
La forme du dossier ensuite :  
Photos satellites (où tel petit rectangle blanc est censé représenter un camion de décontamination et tel toit de bâtiment abriter des laboratoires clandestins) et qui ne parlent qu'aux spécialistes  
- Conversations interceptées, mais plutôt vagues (Tu as enlevé le truc, Oui, j'ai enlevé le truc)  
Représentations de ce que pourraient être des avions sans pilotes qui pourraient répandre des produits biologiques ou chimiques qui pourraient exister  
Photographies de tubes d'aluminium qui pourraient servir dans des centrifugeuses pour enrichir l'uranium, mais qui ressemblent à de bêtes tubes  
Organigrammes où les liens entre l'Irak, Al Quaïda et tel ou tel groupe menaçant l'Europe sont surtout prouvés pas juxtaposition  
Allusions à des sources anonymes ou à des transfuges inconnus  
Indices portant sur des dangers virtuels (Saddam pourrait chercher à fabriquer la bombe ; il pourrait fournir des armes à des terroristes) ou stratégie du renversement de la preuve : à lui de prouver que du matériel qui existait, il y a x années a bien été détruit.  
 
Bref aucun élément qui ait une force probante ou spectaculaire suffisante. Ou plus exactement, rien dont l'évidence ne s'impose à qui n'est pas prédisposé à le croire. Il faut d'une façon ou d'une autre, se reposer sur des services secrets ou à des sources non-vérifiables.  
 
Le dossier est surtout très inégal. Chasser des tonnes de produits chimiques dont l'existence est attestée, mais dont la destruction n'est pas démontrée, c'est tout autre chose que d'affirmer un lien entre l'Irak et Al Quaïda sous prétexte qu'un des membres de cette organisation se serait fait amputer à Bagdad : après-tout le même personnage a aussi séjourné en Jordanie, en Syrie et en Turquie sans que l'on songe à bombarder ces pays. Et à ce compte-là, n'est-il pas urgent d'attaquer le Pakistan ?  
 
Est-ce à dire que le dossier soit « bidonné » ? Comme nous l'avons rappelé sur ce site, la fabrication de fausses preuves destinées à justifier une guerre voire le trucage de photos, satellites ne sont pas des innovations. Pour autant rien ne démontre que les preuves américaines soient techniquement fausses. Il se pourrait simplement qu'elles consistent en une interprétation des faits de façon très sélective et passablement imaginative. Tout dépend en définitive de la question que l'on pose. Est-il vraisemblable qu'en dépit de dix ans de blocus, dans les conditions matérielles qu'on sait, et en dépit de tant d'inspections, de bombardements ou de survols, l'Irak représente un danger qui justifie une guerre ? Saddam dit-il la vérité et coopère-t-il sincèrement ? À l'évidence la réponse est non aux deux questions. Car il faudrait une bonne dose de naïveté pour croire que les Irakiens ne jouent pas au chat et à la souris avec les inspecteurs et qu'ils ne cherchent pas à profiter de toutes les failles du système...  
 
Finalement, la leçon du grand show onusien est peut-être ailleurs. Tout se passe comme si les guerres n'étaient plus des décisions politiques, mais qu'elles se pliaient, elles aussi, aux lois du temps : communiquer et moraliser. Une déclaration de guerre devient un mélange de spectacle et de plaidoirie. Comme si cet hommage à la puissance des médias et du droit était la ruse suprême de la violence.  
 
François-Bernard Huyghe Observatoire d'infostratégie infostrategique@paris.com 
 
LE SITE YELLOWTIMES.ORG QUI HÉBERGEAIT CES PHOTOS A ÉTÉ CENSURÉ À SON TOUR. 
Soldats capturés : les photos censurées aux Etats-Unis (site censuré, nous en cherchons un autre)  
ET QUAND LES PRISONNIERS SONT IRAKIENS, ELLES S'APPLIQUENT, LES CONVENTIONS DE GENÈVE, M. RUMSFELD ?  
 
24 mars 2003  
par revue de toile  
 
11 SEPTEMBRE ET DÉRIVES MÉDIATIQUES 
Stratégie de la tension et marché de l'angoisse  
DE BEN LADEN À LA PARANOÏA
 
 
24 février 2003  
par P. Conesa  
 
 
Les quelques documents trouvés dans les papiers de Ben Laden démontrent la volonté d'instaurer une stratégie de la tension, pratique classique des groupes terroristes afin de disperser les forces de sécurité, les user, maintenir un niveau d'alerte élevé, et créer un sentiment de psychose dans la population. La réalité de la menace n'est pas discutable. La série d'attentats qui a frappé dans différents endroits du monde contre des cibles dispersées sur la planète, selon des méthodes nouvelles (attaque de pétroliers) et contre des nationalités variées (Français, Australiens, Américains, Israéliens, Kenyans….) est malheureusement là pour le démontrer. Les décideurs doivent dorénavant prendre en compte le nouveau paramètre terroriste de façon préventive. Le coût estimé des attentats du 11 septembre a été de l'ordre de 40 milliards $ directs plus à peu près autant en coûts indirects. Le prix économique de la prévention contre la stratégie de la tension créé par le terrorisme, est difficile à évaluer mais elle a été simulée par Michael O'Hanlon de l'université de Princeton dans un rapport intitulé « Protecting America homeland ». Cet expert estime qu'il faudrait 0,5 point de PIB et 1/7 du budget de la défense au niveau fédéral et autant des autorités locales pour sécuriser sérieusement le territoire. Bart Hobijn de la Reserve Fedral Bank estime à 0,8a baisse de productivité liée aux protections anti-terroristes. (Yves Mamou le Monde du 5/12/2002). On ne connaît pas d'évaluation analogue en France et on mesurera dans quelques temps si les menaces ont eu des effets sur le commerce de fin d'année. Le marché de l'angoisse Profitant de cette nouvelle caractéristique stratégique, est apparue une génération spontanée d'experts du terrorisme, qui auprès de l'ONU, qui auprès du Conseil de l'Europe, qui auprès de l'Union Européenne, Présidents d'Observatoires ou de Centres divers mais toujours « Internationaux », et « experts en renseignement ». Le risque d'attentats par des moyens non conventionnels a également attiré quelques spécialistes des technologies d'armes de destruction massive, vers l'expertise du terrorisme. S'est donc développé en parallèle un marché de l'angoisse. Une simple consultation sur un site Internet de documentation montre qu'il y a eu depuis le 11 septembre, 69 titres publiés en Français (soit plus de 10 es titres nouveaux annuels) contenant le terme « terrorisme » et 12 contenant le nom de « Ben Laden ». Aux Etats-Unis le recensement est encore plus impressionnant : 140 titres depuis septembre 2001. Il faut saluer la performance de l'auteur qui a réussi à sortir un livre sur les attentats du 11 septembre dés le 30 septembre. Le marché reste soutenu puisqu'on annonce déjà 123 titres anglophones à paraître sur le sujet au seul premier semestre 2003.  
 
La thématique générale dominante des ouvrages français, est celle du secret et du complot, pratique qui serait aussi générale chez les terroristes que chez les autorités publiques. Dans les titres, on retrouve souvent le secret (« guerre secrète » contre, « archives secrètes », …) la diabolisation ( « spectre », « nébuleuse islamiste », « zombie », « fanatique », « l'ennemi invisible »…), une partie de l'ancien vocabulaire de la guerre froide a également été recyclé (« Internationale islamiste », « III° totalitarisme « , « Axes du mal »…). Le ton emphatique n'est pas exclu (« la guerre ne fait que commencer », « j'ai vu mourir le monde ancien »…). Les autorités politiques ne s'en tirent parfois pas mieux que les terroristes dans la politique du secret (vrai ou supposé). On se souvient du livre « l'effroyable imposture » de Thierry Meyssian, ou le « Pentagate » du même auteur, la « vérité interdite » ou « Ben Laden : le secret de famille ». Si les livres en anglais semblent plus mesurés au moins dans les titres, on relèvera quand même un étonnant « september 11 : through the eyes of a child » publié dés novembre 2002 (Erica Craigton). Les « révélations » donnent le sentiment d'en savoir plus que les forces de police ou au moins que celles ci nous cachent des choses… La surenchère est un peu la règle à partir de données secrètes révélées sur le ton de la confidence et collectées on ne sait pas toujours où (parfois auprès de l'ONU dont on ne savait qu'elle disposait d'un service de renseignement). Dans la psychose générale, on a même pensé que le tireur fou de Washington était lié à Al Qaida (IHT du 19/10/2002). Les media se sont souvent prêtés à ce jeu avec un peu de complaisance surtout si le rythme éditorial est quotidien qu'il faut réunir un « plateau » attractif et que des révélations y soient faites. Une consultation sur le thème choisi faite un jour sans attentat, sur Yahoo actualités, donne 10 dépêches, 6 revues de presse, 15 dossiers attachés, 17 sites officiels, 70 dépêches précédentes, et 3 sujets liés. En face de cela, la ligne de communication de Ben Laden est remarquable d'efficacité : d'abord l'hyper-médiatisation des attentats du 11 septembre faits à des heures et selon un timing qui assuraient une couverture de télévision optimale, ensuite l'absence de revendications explicites de ces attentats pour entretenir le flou et légitimer la rumeur du « complot juif » qui court beaucoup dans les opinions publiques arabes ; enfin les revendications des attentats qui ont suivi sont faites selon des moyens qui maintiennent l'incertitude sur le sort de Ben Laden (absence d'images, incertitudes sur les messages oraux, prédilection pour la chaîne qatarie Al Djezira…)  
 
La difficulté est grande pour rétablir un minimum de calme dans l'opinion. L'interview du directeur de la DST dans Libération 6 décembre 2002, résonne comme une voix dans le désert. On ne connaît pas l'effet de ce genre de dérive médiatique sur les différentes catégories de récepteurs français : ce « marché de l'angoisse » contribue-t-il à dégrader l'image de Ben Laden ou en fait-il au contraire auprès des populations les plus sensibles, un chevalier blanc invisible et insaisissable luttant seul contre tous ?. Seul un peu de prudence de la part des responsables des media -- qui s'interrogent déjà pour certains d'entre eux -- pourrait contribuer à donner un peu de rationalité et de prudence. Sinon il faudra constater que notre système d'information contribue à donner corps à la stratégie de la tension qui use nos forces et notre capacité de réaction. La couverture médiatique de l'aventure du bagagiste d'Aéroport de Paris, victime d'une manipulation, est là pour montrer les effets pervers du « marché de l'angoisse ». 
 
P. Conesa  
 
 
GUERRE AU TERRORISME ET GUERRE DES SYMBOLES 
U.S.A. contre "Global Terror" : qui gagne la bataille des images ?  
L'IMAGE, L'INTERPRÉTATION ET L'HUMILATION
 
 
6 mai 2004  
par F.-B. Huyghe  
 
 
Le terrorisme constitue une stratégie politique violente et asymétrique, sporadique et clandestine, au service de desseins symboliques. L'acte (l'attentat) est ambivalent. Sa force est destructive : un terrorisme sans ravage, c'est du bavardage. Mais il vise à produire du sens. 
 
 
Si la valeur militaire de l'action pesait plus que sa réputation, ce serait une guérilla ou une guerre de partisans. Du fait de son ambiguïté, le terrorisme oscille entre action et proclamation, « guerre du pauvre » et « propagande par le fait ». Le « message » terroriste ne peut se réduire aux conséquences psychologiques qu'on lui prête : panique contagieuse, ou contrainte sur des autorités et la population. Ce n'est pas non plus -- pas seulement -- une sanglante performance « publicitaire » pour conférer un écho à des thèses préexistantes. Son message est complexe, même quand il fait l'économie de toute explication (celle que fournit parfois le communiqué, accompagnant l'attentat), même quand il s'exprime par le choix d'une victime emblématique. La cible signifie nécessairement autre chose qu'elle-même. Selon la formule consacrée, en tuant un homme, le terroriste tue une idée. Il en exprime aussi une autre que ce soit par le geste ou par la phraséologie.  
 
La relation stratégique entre terroriste et contre-terroriste oppose une pratique de perturbation à une politique de contrôle. Mais si l'on se place au niveau symbolique, il faut parler d'une guerre de l'interprétation. Elle se déroule sur une scène qu'aucun des deux acteurs ne maîtrise entièrement, notamment celle des médias. Le message terroriste produit au moins trois types d'informations ou de relations  
 
Identitaires et communautaires : il dit en particulier au nom de quel acteur historique (Prolétariat, Peuple, Oumma ?) agit le terroriste et qui il veut représenter.  
 
Proclamation et anticipation : l'acte terroriste est censé changer une situation historique (la Vengeance ou la Révolution sont proches). Il oblige ainsi chaque camp à se dessiner et prétend rassembler le sien : tout terroriste est un avant-gardiste.  
 
Enfin humiliation et dénonciation : l'ennemi est désigné, rabaissé, averti de sa prochaine chute (tremblez, tyrans) et démasqué : plus coupable, plus dominateur mais aussi plus vulnérable qu'il ne le semblait.  
 
Face à cette « révélation » du terroriste -- proclamant au nom de qui il parle, ce qui va se produire, qui est vraiment l'adversaire --, le contre-terroriste pratique une dénonciation. Quand le premier tire le sens « vers le haut » et prétend donner à son action une dimension éthique, voire métaphysique, le second ramène à des réalités moins nobles. Quand le terroriste convoque à son tribunal le Peuple, l'Histoire, la Nation, la Volonté de Dieu son adversaire réduit tout à des intérêts, des insuffisances ou des déviances.  
 
Ce qu'est l'acteur terroriste ? une organisation criminelle non représentative, répond-il.  
 
Ce qu'il fait ? une vaine tentative nihiliste et irrationnelle.  
 
Qui il vise ? La démocratie dont la formule consacrée assure qu'elle ne cèdera pas à la violence.  
 
Chacun prétend ainsi démasquer l'autre à travers violence et contre-violence. La guerre de l'interprétation est aussi celle du statut des protagonistes et de leur action. Du moins tel était le bizarre dialogue qui s'était instauré jusqu'à ce que la « War on Terror » ne confère au terrorisme, qui est une méthode, le statut d'entité d'un nouveau type (le Chaos, les « extrémistes qui haïssent la liberté »), en faisant l'ennemi principal.  
 
La théorie des trois T (la nécessité de lutter préventivement contre le Terrorisme, les Tyrannies qui le favorisent et la Technologie des armes de destruction massive) confère paradoxalement à l'organisation de ben Laden la dignité de référent absolu : le Mal en fonction de qui s'organise toute la stratégie. Les deux adversaires s'accordent pour mythifier une gigantesque lutte « pour le c ?ur et l'esprit des hommes » dont les opérations militaires ne sont qu'un épisode ou un complément. La relation traditionnelle qui unit l'organisation terroriste à l'État qu'elle combat est ici bouleversée.  
 
Outre cet arrière-plan idéologique, le conflit pour imposer son interprétation du fait terroriste dépend des technologies de transmission d'une époque. De la propagande par le fait au terrorisme spectacle ou de l'opuscule pour groupuscule à la tuerie en mondovision, le visage de la terreur s'adapte à la médiasphère : presse à grand tirage, radio que l'on écoute au fond des campagnes, ou live cathodique planétaire. Longtemps la lutte antiterroriste a été pensée en termes de propagande (dénonciation et réfutation de l'idéologie adverse). Ou encore de tribunes concédées ou non à l'organisation terroriste. Comme si c'était au contenu explicite du message ou à sa force persuasive qu'il fallait faire obstacle.  
 
Le nouvel enjeu est désormais celui la puissance des images et des images de la puissance. Dès le 11 Septembre, la vision apocalyptique des tours détruites est interprétée par ses auteurs comme la manifestation de la colère divine : un châtiment contre les icônes représentant l'Occident, l'arrogance, la globalisation, les tours de Babel ? Depuis, les jihadistes tentent de reproduire la grande humiliation par laquelle -- en vertu du principe d'unicité du mal -- ils espèrent compenser celles subies depuis la chute du califat. À défaut ils rappellent à l'hyperpuissance et à ses alliés qu'ils sont l'hypercible : à globalisation du pouvoir, mondialisation des objectifs.  
 
De leur côté, les stratèges U.S. se sont juré de ne plus reproduire les erreurs du passé (du Vietnam à Mogadiscio), les renoncements qui accréditeraient l'idée de la faiblesse U.S. Ainsi, comme le disait G.W. Bush, reculer en Irak persuaderait les ennemis des USA de leur « décadence ».  
 
Dans cette perspective, le conflit porte sur le contrôle des flux d'images du conflit. Un flux dont les médias occidentaux n'ont plus le monopole, en particulier, face aux télévisions satellitaires arabes. Un jeu étrange s'instaure ainsi. De la mort ou de la souffrance, il détermine ce qu'il est licite de monter. Chaque fois, qu'il s'agisse des morts du 11 Septembre ou des pertes civiles, des cercueils de GI's ou de celle de Saddam Hussein, la même compétition pour le monopole de l'horreur et la souffrance, la même lutte pour construire la réalité visible.  
 
L'autre grand changement se traduit par une nouvelle « résistance » aux images (ou du moins au supposé pouvoir de persuasion des mass media). Ce sont les phénomènes d'incrédulité de masse, des rumeurs (notamment les théories de la conspiration fleurissant sur Internet), d'interprétation délirante, de contre-interprétation. Bref tout ce qui fait que posséder les médias ne garantit en rien la maîtrise sur les grilles de lecture que leur opposent les destinataires.  
 
La lutte qui se déroule sur ces deux champs de la bataille de l'interprétation, qui illustre le constat que faisait Hannah Arendt il y a déjà quelques décennies : « Faire de la présentation d'une image la base de toute politique, -- chercher, non pas la conquête du monde, mais à l'emporter dans une bataille dont l'enjeu est « l'esprit des gens » --, voilà quelque chose de nouveau dans cet immense amas des folies humaines enregistrées par l'histoire. » (in Du mensonge à la violence)  
 
François-Bernard Huyghe aobsinfostrat@club-internet.fr  
 
Ce texte est le résumé d'une intervention devant l'Institut des Hautes Études de la Sécurité Intérieure  
 
Voir aussi de F.B. Huyghe "Quatrième guerre mondiale Faire mourir et faire croire" Ed. du Rocher 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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